Cette
semaine, je troque ma casquette d'apprenti journaliste en quête de
reconnaissance contre celle du spectateur. Vendredi 18 janvier 2013,
Canal + diffusait « Le Débarquement » où se mêlaient
comédiens, reconnus ou non, et surtout amis pour un show
humoristique, en direct et en public. Ce soir là, je faisais parti
des quelques 400 privilégies présents sur le plateau de
Saint-Denis...
A l'image de Guillaume Canet qui fit sortir « les
petits mouchoirs » de presque 3 millions de français en 2010,
c'est avec une même volonté de travailler entre « potes »
que Jean Dujardin, Gilles Lelouche, Guillaume Canet Nicolas Bedos et
Laurent Laffite se sont réunis, afin d'orchestrer « Le
Débarquement ».
35 comédiens qui se relaient pour assurer sketchs,
saynètes et parodies en tout genre, dans un climat convivial, où
« on laisse l'égo à la maison », dans le seul but de
divertir et partager ; tel est le principe audacieux et ambitieux de
l'émission. Le tout mis en scène par l'excellent Alex Lutz, qui a
notamment collaboré avec Pierre Palmade, et que l'on retrouve devant
la caméra dans « OSS 117 : Rio ne répond plus », ou
dans la « La Revue de presse de Catherine et Liliane »
devenue culte sur Canal +. Sur le papier, le spectacle s'annonce
prometteur, au vue des nombreuses têtes d'affiches et « guests »
que l'émission recense : au programme, Géraldine Nakache,
Marion Cotillard, les Kaïra, ou encore Joey Starr se sont illustrés.
C'est en rendant visite à nos compatriotes américains
que Jean Dujardin eu l'idée du concept, en s'inspirant du célèbre
talk show « Saturday Night Live » diffusée aux États-Unis sur
NBC. Oui mais voilà, peut-on réellement importer ce type de
programme à la télévision française ?
La réponse est unanime, il ne suffit pas de faire du
copier-coller pour avoir le même rendu final. Et pour cause, lorsque
la télévision française allient information et divertissement, ce
que fait encore l'animateur Thierry Ardisson sur Canal +, les
programmes américains se placent entièrement du côté du
divertissement. L'absence d'invités politiques par exemple permet à
l'animateur et à l'émission d'avoir une plus grande liberté de
ton. En outre, contrairement aux animateurs français, les américains
n'ont aucune formation de journalisme ; par conséquent, la
formation de stand up et d'improvisation qu'ont à la fois les
animateurs et auteurs participent en partie au succès. « Difficile
donc d’importer des pratiques qui sont enracinées dans des
décennies d’expérimentation comique », comme le souligne le
magazine Slate.
Malgré le cocktail d'invités prestigieux, et en dépit
d'une grande attente, sur 650 000 téléspectateurs ce soir là,
beaucoup d'entre eux furent déçus du résultat. En bref, on
constate de nombreuses réactions quant à l'originalité et la
qualité du programme. Copie conforme des émissions américaines,
duplicata contemporain des Nuls et de leurs parodies qui faisaient le
bonheur de la chaîne auparavant, ou encore un niveau humoristique en
dessous des nombreuses attentes probablement trop grandes ;
c'est ainsi qu'une presse frustrée qualifia l'émission de la
baraque cryptée.
Il va sans dire que cette consécution de sketchs est
d'avantage plaisante en live. Une expérience qui prend plutôt la
forme d'une mosaïque théâtrale lorsqu'elle est vécue en direct,
une occasion d'appréhender encore plus le talent de chaque comédien.
Lorsque notre loulou national revête le costume d'un gendarme sot
presque vrai, que Mélanie Doutey et Anne Marivin semblent plus
vraies que natures en « version féminine » ;
Nicolas Bedos incarne brillamment son propre fils cocaïné, dans une
parodie du futur aussi crue que décalée. On peut désormais en
déduire combien il est difficile de ne pas isoler le téléspectateur
lorsqu'il s'agit de représentation théâtrale.
Je soulignerais également la performance des
techniciens qui se donnèrent pas moins de deux minutes montre en
main pour changer littéralement de décor, ou encore le préambule
improvisé d'un Bruno Salomone taquin qui, avant l'antenne et façon
« stand up », se mit à prendre pour cible quelques
personnes du public...
Voici
par conséquent quelques tentatives d'explication des avis divergents
sur cette émission. Le décalage est de taille entre un public
devant son poste de télévision non satisfait, et celui d'un studio
du 93 conquis, qui a capté les intentions premières de la bande :
ne pas calculer et s'amuser.
J'étais devant ma télévision ce soir-là, et je n'ai pas ressenti la même chose. Même si le "live" devait être assez mieux en terme de performance, la retransmission était aussi intéressante.
RépondreSupprimerJ'espère bien que certains ont aimé. Mais ça n'a pas fait l'unanimité...
RépondreSupprimer